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Auteur : Robert Lalonde
Rayon : Littérature
Genre : roman
Ce livre est disponible en librairie
Robert Lalonde a beaucoup aimé sa mère. À la lecture de son récit, j'ai également eu le sentiment qu'il a pu la détester par moment ou à tout le moins qu'il se sentait envahi, oppressé. C'est le moindre qu'on puisse dire. Pour se rappeler avec autant de précisions les hauts et les bas de la vie de tous les jours d'une telle diva et les répliques toutes aussi tranchantes et déchirantes les unes que les autres de cette mère qui se refusait à couper le cordon ombilical qui la rattachait à son fils, il fallait avoir été marqué au fer rouge. Y avait-il une solution? Oui, et elle ne pouvait être autre que l'ouverture très grande de la soupape de la libération, celle qui le renvoyait à son récit. Dans son oeuvre, Lalonde ne règle pas de comptes, il se libère.
Sa mère s'est châtiée au fil du temps. Toutefois, pour en arriver à cet auto-supplice à un tel dialogue plus souvent qu'autrement stérile, elle avait besoin, j'allais dire d'une victime, disons plutôt d'un spectateur qui avait les émotions à fleur de peau et qui laissait transparaître sa douleur en dépit de ses mots d'indifférence.
Grand homme de théâtre, Robert Lalonde, voyait certainement à travers les frasques, les incongruités et les fantaisies de sa mère, une femme théâtrale d'exception. Il s'en est certainement inspiré à travers les rôles et les personnages de son œuvre. C'était une source d'inspiration hors du commun.
Ce récit prend la forme d'un dialogue poignant. Il ne faut surtout pas le lire au premier degré. Par bout, c'est insupportable et pourtant, on en redemande jusqu'à la fin. C'est le cœur qui meurt en dernier, est un titre bien choisi. N'est-ce pas dans le cœur que s'entassent toutes les émotions. C'est aussi dans le cœur qu'elles se filtrent pour en dégager un sentiment de paix intérieure et de réconciliation avec soi-même. Bref, par le cœur, on puise souvent des moments de grandes vérités.
Jacques
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Robert Lalonde évoque de façon bouleversante celle qui fut sa mère, femme piégée par le destin et qui d'outre-tombe continue d'entretenir avec son fils un rapport de tendresse et de bataille. J'émerge, essoufflé, d'un rêve où tu t'adressais à moi dans une langue inconnue. Inquiète, énervée, volubile au-delà de ton accoutumée, tu cherchais à me confier le fin mot de ton histoire, la réponse enfin à ta question lancinante – « J'ai été qui, j'ai été quoi, peux-tu me le dire ? » – mais arrangée dans un charabia inintelligible, où revenaient sans finir, comme le refrain traînant d'une complainte, mes trois prénoms, chantonnés tristement, à la manière des prières que je marmonnais autrefois sans comprendre ce qu'elles voulaient dire. C'est moi, bien sûr, qui me pose à moi-même, en plein coeur de la nuit, la question suppliciante. C'est ma voix dans la tienne qui psalmodie Joseph, Serge, Robert, espérant que ces trois-là répondront à l'appel et articuleront à ma place une réponse claire, nette, définitive à ta grande question « à cent piastres ». Quelque chose comme : « J'ai été celui qui a eu raison de t'aimer, puis raison de te haïr et de m'enfuir, raison de faire ma vie loin de toi, et finalement raison de rentrer, même s'il se fait tard. »
Éditeur : Boréal
Année d'édition : 2013
Nombre de pages : 168 pages
ISBN : 9782764622889
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