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Auteur : Éric Plamondon
Rayon : Littérature
Genre : roman biographique
Ce livre est disponible en librairie
Avant même de la débuter, on sait que la lecture du roman Mayonnaise, deuxième tome de la trilogie 1984 de l’écrivain québécois Éric Plamondon, s’avèrera être une expérience particulière. Avec ses 201 pages et ses 113 « chapitres » qui ne comportent parfois pas plus de trois lignes, on sent qu’on tient quelque chose de différent entre nos mains. Et dès qu’on en lit les premières pages, cette impression est confirmée.
Avec Mayonnaise, on suit l’existence banale de Gabriel Rivages, un quadragénaire féru de littérature qui est passionné par l’auteur et poète américain Richard Brautigan. C’est à travers différents événements historiques et culturels qui ont marqué l’existence du défunt écrivain qu’on avancera dans le récit et qu’on en viendra à découvrir les nombreux liens rapprochant le protagoniste et son auteur fétiche.
L’histoire de ce roman, bien qu’intéressante, ne constitue pas l’intérêt premier de l’œuvre. Ce qui nous frappe lorsqu’on se laisse transporter par Mayonnaise, c’est surtout ce style particulier, cette finesse que l’auteur a su imposer à sa création. Il nous sert quelque chose de percutant, qui ne peut laisser indifférent, qui réussit à nous toucher : des phrases souvent courtes et saccadées, une profusion d’anaphores et une poésie puissante qui happe le lecteur et lui projette au visage les vérités abordées par les thèmes de ce livre. Ce qu’il faut aussi savoir, c’est qu’avec cette œuvre, on est loin du roman traditionnel. Ici, pas question d’une trame narrative ordinaire composée de la banale « intro-péripéties-conclusion » à laquelle nous sommes trop habitués et qui peut nous laisser un amer arrière-goût de déjà-vu; on a droit à un récit savamment brodé qui fait incessamment des sauts dans le temps et qui nous présente des personnages et des situations qui n’apportent pas nécessairement de tension dramatique particulière, mais qui contribuent plutôt à renforcer le message transmis par l’auteur.
Grande réflexion sur le sens de la vie, Mayonnaise nous parle de suicide et, surtout, de l’excessive banalité de notre existence. Cette dernière, c’est le personnage de Gabriel Rivages qui la personnifie. On perçoit aisément cela en voyant que la préparation de mayonnaises semble être la chose plus palpitante de son existence et en observant ses journées de travail typiques : « Je suis arrivé au bureau vers 9 h 30. J’ai dit bonjour à mes collègues. L’ordinateur allumé, j’ai tapé mon mot de passe : faitchier100%. Dans Outlook, j’ai peu de messages, mais encore trop. […] C’est un fulgurant début de journée des plus ordinaires. […]. Grâce à YouTube et à Wikipédia, je vais gagner un peu de temps perdu » (p. 108). Rivages, personnage embrayeur représentant le lecteur, nous montre donc de façon bien évidente que nous menons une vie d’une platitude et d’une absurdité ahurissante et nous fait réfléchir sur son sens.
Ainsi, tout lecteur s’intéressant aux écrits poétiques et profonds, aimant sortir des chemins battus et affectionnant un style d’écriture puissant sera comblé par Mayonnaise. Un joyau que seule une ouverture d’esprit – et peut-être aussi, qui sait, un faible taux de cholestérol – peut permettre d’apprécier.
Anthony Morin-Hébert
Critique rédigée dans le cadre du cours Critique d'une production littéraire pour le Prix littéraire des collégiens
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Gabriel Rivages mêle ici son destin à celui de Richard Brautigan. Il part à la rencontre de l'écrivain qui a changé sa vie. Sur les traces de celui qu'on a surnommé le dernier des beatniks, Rivages arpente à nouveau la côte ouest américaine. On passe par l'Oregon où Brautigan a grandi et par San Francisco où il devient écrivain. On croise aussi la grande et la petite histoire. Dans l'Amérique des sixties, Janis Joplin chante Mercedes Benz et offre son écharpe au futur auteur de La pêche à la truite en Amérique. Celui qui vendait ses poèmes au coin des rues dans Haight-Ashbury et North Beach devient célèbre. Pendant des années la poésie le sauve. Brautigan se tire une balle dans la tête en octobre 1984 dans sa maison de Bolinas. Les histoires de Brautigan ont toujours une fin étonnante. Mayonnaise est le deuxième roman de la trilogie 1984, qui traverse le vingtième siècle sur les traces de trois figures américaines. Le premier, Hongrie-Hollywood Express, paru en 2011, se construisait autour de la vie de Johnny Weissmuller, athlète et premier interprète de Tarzan au cinéma. Pomme S, le troisième, mettra en scène Steve Jobs, l'homme d'Apple, et portera sur la révolution informatique.
Éditeur : Le Quartanier
Année d'édition : 2012
Nombre de pages : 214 pages
ISBN : 9782923400945
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